
Le chantier est maintenant achevé. A Médan, le musée Alfred Dreyfus côtoie désormais la maison d’Emile Zola restaurée et dialogue avec elle. Un seul site pour une rencontre à la croisée de deux destins. Zola et Dreyfus, liés de leur vivant par une lutte sans concession pour la vérité et la justice, sont ici célébrés, ensemble, au nom même des valeurs pour lesquelles ils ont tant combattus.
C’était l’idée de Pierre Bergé qui fut l’initiateur dès 2002 et le principal mécène de ce projet. C’était aussi celle d’Elie Wiesel qui, avec enthousiasme, l’avait alors parrainée.
L’œuvre immense de Zola, lue à travers le monde et constamment rééditée peut se passer d’un toit. En revanche, le souvenir de l’homme, méritait d’être mieux conservé. Sa maison de Médan, remise en état et dans tout son éclat, sera après-demain de nouveau ouverte au public, permettant à qui la visite d’entrer dans l’intimité de l’écrivain, de mieux comprendre sa façon de vivre et d’y travailler au quotidien.
L’affaire Dreyfus, reste un repère imprescriptible pour notre République, une leçon pour toute démocratie. Mais Alfred Dreyfus, celui qui ne plie ni devant ses juges ni devant l’injure, l’officier courageux et intègre, le citoyen trahi et banni, l’individu injustement humilié et calomnié, résistant stoïquement aux machinations qui l’accablent, lui n’avait droit à aucun mémorial.

C’est chose faite avec ce musée qui lui est consacré et qui célèbre les principes de tolérance, de dignité et de respect attaché à son nom.
Le sens de cette entreprise est certes de témoigner du passé mais surtout de parler aux jeunes générations tant, hélas les circonstances présentes dans notre pays en démontrent la nécessité ; tant il est vrai comme le disait Péguy que plus cette affaire est finie plus il est évident qu’elle ne finira jamais !
Pierre Bergé disparu en 2017, il nous revenait de compléter le projet. Avec Björn Dahlström, le préfigurateur, Philippe Oriol le directeur scientifique, Christophe Martin, le scénographe, Jean-Michel Rousseau, Reda Isolah, les architectes et Anne Gaëlle Duriez la déléguée générale de l’Association nous avons réalisé le musée en l’installant dans ce bâtiment construit pour accueillir des enfants malades par l’Assistance publique de Paris, légataire de la propriété de Médan à la mort de Zola.
Rien n’aurait été possible, ni le rachat de la propriété de Zola à l’Assistance publique de Paris ni la construction du musée, sans le soutien de nombreuses personnes publiques et privées que je tiens à remercier :
- le ministère de la Culture
- le ministère des Armées
- la Dilcrah
- la région Ile-de-France
- le département des Yvelines
- la ville de Médan
- la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent et son président actuel Madison Cox
- la Fondation pour la mémoire de la Shoah
- Madame Lily Safra

La Maison Zola Musée Dreyfus est un lieu de mémoire, un musée mais sa vocation, je le répète et y insiste, est avant tout pédagogique. L’affaire y est traitée dans ses racines et ses prolongements d’aujourd’hui qu’il s’agisse de l’antisémitisme, du racisme et de l’exclusion, de la justice, du rôle de la presse et des médias en démocratie.
Il faut qu’après la visite à Médan, à la question posée par Zola à la jeunesse dans le texte lu par Pascal Thoreau tout à l’heure « Où allez-vous jeunes gens ? » la réponse soit la même « A l’humanité, à la vérité, à la justice. »